Dans une récente mise à jour vidéo hebdomadaire, Edouard de Mézerac, Artefact APAC CEO, a indiqué que le vice-premier ministre de Singapour avait annoncé "un investissement substantiel d'un milliard de dollars singapouriens (environ 750 millions USD) au cours des trois à cinq prochaines années pour renforcer les capacités du pays en matière d'IA".

Cette initiative n'est pas un simple coup de pouce au développement de l'IA ; elle reflète l'approche stratégique de Singapour visant à intégrer l'IA dans ses industries de base. Deux aspects ressortent de la stratégie de Singapour en matière d'IA : l'application commerciale et la prévision réglementaire.

La stratégie des "100 expériences d'IA

L'approche de Singapour met l'accent sur les applications commerciales pratiques de l'IA. Le programme "100 AI Experiments" finance des entreprises ayant des projets d'IA prometteurs qui peuvent démontrer un retour sur investissement dans les trois ans", s'enthousiasme Edouard. Cette initiative permet de s'assurer que les développements de l'IA ne sont pas seulement théoriques, mais qu'ils contribuent directement à l'écosystème économique. Le gouvernement soutient ces projets en mettant à disposition des talents et des ressources, en espérant que les projets réussis contribueront à la communauté de l'IA à code source ouvert.

L'importance d'un protocole de gouvernance de l'IA

Singapour s'est positionné comme un pont pivot entre l'Est et l'Ouest, en particulier dans le domaine réglementaire. Le protocole de gouvernance de l'IA, lancé en mai 2022, est un MVP (produit minimum viable) que des entreprises comme Meta, Google et DBS ont testé. Ce protocole propose une approche pragmatique de la réglementation de l'IA, en veillant à ce que les entreprises puissent contrôler et régir efficacement leurs applications d'IA. Cette démarche s'aligne sur les tendances réglementaires mondiales, telles que la loi sur l'IA de l'UE, en fournissant un cadre qui équilibre l'innovation et la responsabilité.

L'évolution rapide de l'IA générative en Chine

"Contrairement à la perception initiale selon laquelle la Chine était à la traîne dans le domaine de l'IA, la réalité est tout autre. Au cours des huit derniers mois, plus de 80 grands modèles de langage (LLM) ont été publiés, ce qui indique un rythme de développement rapide. Les LLM chinois ont fait des progrès significatifs en termes de performances", déclare Edouard. "Leur nouveau benchmark SuperCLUE, qui évalue les LLM spécifiquement pour la langue chinoise, révèle que bien que les modèles chinois ne soient pas encore au niveau de GPT-4, ils sont au niveau de GPT-3.5. Cela signifie qu'ils rattrapent leur retard en termes de performance, rendant le paysage de l'IA chinoise de plus en plus compétitif."

En outre, l'innovation par le biais de partenariats universitaires et industriels, tels que celui entre l'université Xinhua et les géants de la technologie Alibaba et Tencent, a conduit au développement d'un LLM à haut paramètre, à la fois open source et propriétaire, soulignant les efforts de collaboration à l'origine des progrès rapides de l'IA en Chine.

"Comme toujours, la nature dynamique de l'IA en Chine présente un paysage difficile mais potentiellement gratifiant pour les entreprises internationales".
Edouard de Mézerac, PDG APAC ARTEFACT / Data & AI

Les multinationales ont besoin d'un cadre mondial

Malgré ces avancées, les multinationales rencontrent des difficultés en Chine, principalement en raison de l'absence d'un cadre global en matière d'IA. De nombreuses entreprises hésitent à se lancer dans des projets d'IA en l'absence de lignes directrices claires. Dans le même temps, les entreprises locales et les startups chinoises testent et déploient rapidement de nouvelles applications d'IA, créant ainsi un environnement dynamique et compétitif.

Pour aller de l'avant, les multinationales devraient établir des cadres simples et clairs pour les projets d'IA. "Nous aidons quelques entreprises mondiales à le faire afin que la Chine puisse commencer à innover très rapidement. Et concentrons-nous sur les applications destinées aux employés, telles que la gestion des connaissances, l'amélioration du commerce électronique et le contenu des plateformes sociales, qui peuvent constituer un point d'entrée plus sûr et plus facile à gérer dans l'innovation en matière d'IA", précise M. Edouard. "Cette approche permettra aux entreprises de tirer parti de l'IA pour améliorer l'efficacité interne tout en naviguant dans un paysage réglementaire en constante évolution."